Pour cent dollars de plus by Jack London

Pour cent dollars de plus by Jack London

Auteur:Jack London [London, Jack]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Allia
Publié: 2014-01-01T17:00:00+00:00


Chapitre V

CHAPITRE V

LE gong retentit. Ce premier round lui semblait avoir duré une bonne demi-heure, quoiqu’elle sût, comme le lui avait dit Joe, que cela n’avait pu excéder trois minutes. Ses seconds firent irruption sur le ring et coururent vers le coin où il s’était retiré pour la minute bénie de la pause. L’un d’eux s’accroupit entre ses jambes allongées (l’autre avait déjà apporté le tabouret) et, les relevant tour à tour en posant le pied sur son genou, les frictionnait de toutes ses forces. Joe se laissait complètement aller en arrière contre son coin de ring, en renversant la tête et étirant les bras sur les cordes pour dilater le plus possible sa poitrine. Deux de ses seconds rafraîchissaient l’air auprès de lui en agitant leurs serviettes, et il aspirait à fond, la bouche grand ouverte ; un troisième lui chuchotait des conseils à l’oreille, tout en lui épongeant la figure, les épaules et le poitrail.

À peine ces opérations accomplies (cela avait pris quelques secondes tout au plus), le gong retentit, les seconds s’enfuirent avec leur attirail, Joe et Ponta retournèrent vers le centre du ring et, de nouveau, se firent face. Geneviève ne se serait jamais douté qu’une minute pût durer si peu ; “n’aurait-on pas écourté ce repos ?” pensa-t-elle un moment, et cela lui semblait suspect, sans qu’elle sût pourquoi.

Ponta lançait ses poings, de droite, de gauche, plus furieusement que jamais ; Joe bloquait les coups, mais leur force était telle qu’il fut rejeté en arrière de plusieurs pas. Ponta bondit comme un tigre. Joe, trompé par l’instinct de l’équilibre, s’était découvert : malgré lui, il avait déployé un bras et relevé la tête hors de l’abri des épaules. Un terrible swing de Ponta allait l’atteindre en pleine mâchoire, mais Joe plongea subitement vers l’avant, et le poing de son adversaire passa juste derrière sa nuque. Il se remettait d’aplomb, Ponta lui lançait déjà un direct du gauche qui l’aurait envoyé voler par-dessus les cordes, si, avec une vitesse infinitésimalement supérieure à celle de Ponta, il n’avait de nouveau plongé en avant. Le poing de Ponta lui frôla le versant de l’épaule et dévia dans le vide. Joe évita de la même façon le direct du droit qui immédiatement suivit, et, cette fois, se réfugia dans la sécurité d’un corps à corps.

Geneviève, qui se sentait sur le point de défaillir, tant elle avait les nerfs tendus, poussa un soupir de soulagement. Le public applaudissait à tout rompre. Silverstein, debout, hors de lui, criait et gesticulait. Même monsieur Clausen hurlait son enthousiasme à son voisin de rangée, de toute la force de ses poumons.

Le corps à corps fut rompu et l’affrontement reprit. Joe bloquait, reculait, glissait autour du ring, et toujours réussissait d’une façon ou d’une autre à échapper au tourbillon des assauts et à éviter les coups. Lui-même en portait rarement, car Ponta avait l’œil aussi prompt dans la défense que dans l’attaque – alors que Joe n’avait pas la moindre chance contre la formidable vitalité de l’autre.



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